Institut d'Estudis Occitans
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Istòria de dire… a la mòda dau país

Cronicas videò en Perigòrd-Lemosin

Lo Parc Naturau Regionau aviá damandat a l’IEO Lemosin de farjar ueit filmes corts per far descubrir l’identitat culturala dau Perigòrd-Lemosin. Ueit cronicas coma ueit pitas claus per mielhs comprener lo monde de ‘quí, lors biais de far e lors biais de dire.

En debuta d’annada, surtiá un DVD. D’aura en lai, podetz tot trobar en linha sus la paja Vimeo dau PNR :

Escritura e presentacion : Jan-Francés Vinhau
Imatges : Jan-Paul Faure
Montatge : Richard Léonard

1 – Adiu, ‘bilhat de gris

« En Périgord-Limousin comme ailleurs, on n’a guère trouvé mieux pour établir une communication que de commencer par se saluer. « Bonjorn ! » [Prononcé boundzour] sera adapté à toutes les situations, il appelle un classique « Au reveire » [ao révéirè] pour clore la rencontre. Plus intime sera le bien connu « Adiu ! » [adi], un adieu dont l’emploi équivaut au français « Salut ! » et qui s’utilise à l’arrivée comme au départ. De la même famille on aura « Adiussiatz ! » [adichiè] souvent utilisé de manière collective (littéralement : « À Dieu soyez »). »

2 – Le ping-pong des convenances

« Observons ces deux autochtones : le premier discute déjà depuis un bon moment devant la maison du second. S’ensuit, outre l’objet de leur discussion, le petit dialogue suivant : « Anetz, ’chaba d’entrar ! – N’es pas ! N’ai pas lu temps ! » (« Allez, finis d’entrer ! – Non pas ! Je n’ai pas le temps »). Mais l’échange ne s’arrête pas là et l’invitation, suivie du refus, sera réitérée deux à trois fois avant que l’autre, vaincu, n’entre boire l’apéro. Même règle de savoir-vivre à table pour inviter quelqu’un à se resservir de ce bon rôti qui lui saute dans le ventre. Bien impoli celui qui accepte dès la première invitation, bien goujat celui qui ne la réitère pas. »

3 – Petite leçon de francitan (1)

« Le francitan c’est ce français truffé de mots et de tournures occitanes qui résonne dans beaucoup de gosiers périgordo-limousins. Ainsi, ici, tout le monde – ou presque ! – se désole à l’idée de voir ses pommes de terre brimer (attaquées par le mildiou) ou les châtaignes se cussouner (devenir véreuses). Chez nous, les gouyats (enfants), qu’ils aient été mignards (mignons), nâtres (têtus) ou baboyes (nigauds) ont plié (recouvert) leurs livres de l’école, ont joué à faire les roudélous (roulades) dans les prés et péchouillé dans les gauillassous (flaques d’eau). Ce ne sont pas là des usages linguistiques de turlauds (idiots), juste la naturelle influence, chaude et concrète, de la vieille langue du pays. »

4 – Petite leçon de francitan (2)

« Votre vieux cousin est certes âgé et sa dentition n’est pas parfaite, tout de même, si son français est si éloigné du standard français c’est avant tout dû à son fort accent du pays. Voulez-vous essayer d’en maîtriser quelques traits ?
Apprenez ainsi à fermer la bouche à la fin des syllabes nasales : -an, -in, -on… ce qui donnera [am], [eim], [om] : « Le lapin [lapeim] avec du thym [teim], c’est bien bon [biem bom] ». Veillez à dire lundi [leumdi] et brun [breum] et non [leindi] et [brein]. Évitez le –e muet, dites pelouse et non p’louse, médecin et pas méd’cin, rajoutez-en s’il le faut : peneu et non pneu. Et du côté périgourdin ne lésinez pas sur les –o ouverts : la rose jaune [la rôze jône]. Allez, avec un peu d’entraînement… »

5 – Lu temps que quò fai

« Voilà un sujet de conversation incontournable sous nos cieux parfois obstinément chagrins. La question « Quau temps fai quò ? » [Prononcé kao teim faï ko ?],  appellera selon la situation, « Quò plòu » [ko plow], il pleut ; « Quò fai brave temps » [ko fay brèvè teim], il fait beau temps ;  « Quò fai chaud » [ko fay tsao] ; « Quò monta brun » [ko mounto bru], le ciel s’obscurcit…  Mais nous sommes ici au pays de l’antiphrase, tout est dans le ton et l’ironie, et si votre interlocuteur vous lance « E ben pitit, quò fai bon ! » [é bé piti, ko fay boum !], ne sortez pas sans parapluie ! »

6 – Dins lu vargier – Dans le jardin

« Rien à faire, il est des domaines que d’instinct nous n’avons pas pu abandonner au vocabulaire français. Si l’on veut garder un peu de charge affective et de connivence dans nos propos il nous faut bien adapter les termes traditionnels occitans.
Dans le jardin, par exemple, comment voulez-vous que l’on chausse les pommes de terre autrement qu’avec une tranche ! Les butter avec une houe aurait une de ces gueules ! Sans parler que pour les arracher le bigòs va rudement mieux que le hoyau ! Déjà que nòstras paubras pompiras (nos pauvres pommes de terre) ont brimé (attrapé le mildiou) l’autre jour à cause du mauvais temps. Qu’es ben la miseria, ten ! Oui, c’est la misère cette année… Tiens, refermons le clédou (le portillon) ! »

7 – Pradeladas – Promenade vicinale 1

« Vautres setz prestes ? C’est bon, vous êtes prêts à faire une balade sur les routes et chemins du pays ?  Les chaussures, le sac et tout ? Quò vai… Eh, mais j’y pense, êtes-vous bien au point pour demander votre route ?
Dieu merci, il n’est pas trop tard pour vous enseigner quelques-uns des usages phonétiques du Périgord-Limousin dans la prononciation de ses noms de lieux. Vous apprendrez ainsi qu’en français comme en occitan local les –s finaux et étymologiques ne se prononcent pas : Chevalarias fera [chevalaria] et Fargeas se dira [farja].  Ici les « Mas » sont de simples [ma], Le Masberthier se dit [le mabertié], et, de grâce, dites bien [saint-prié] pour Saint-Priest et [paja] pour Pageas autrement vous m’obligeriez à vous mal juger ! »

8 – Pradeladas – Promenade vicinale 2

« C’est une affaire entendue, nous sommes dans un pays de brava gents.  C’est toujours avec complaisance et sympathie qu’ils rectifieront (s’ils osent le faire !) vos petits manquements à la phonétique locale. Mais la maitrise de quelques règles simples de prononciation vous permettront de ne plus leur faire froncer les sourcils. Ainsi du -lh- : veillez à ménager la phonétique de cette vieille forme écrite occitane qui à traversé les siècles !  Elle retranscrit le son équivalent au -ill français dans le mot « fille ». Jumilhac s’entend ainsi [jumillac], Reilhac [reillac], Milhaguet [millagué]… S’il fallait une exception à cette règle, nous l’aurions avec Javerlhac [Javerlac], ce n’est pourtant rien d’autre qu’une prononciation erronée qui s’est imposée depuis un siècle dans les usages.

« – Comment ça vous indiquer le village le plus proche où il y a une supérette ? »
Comprenez mon embarras, si je ne pouvais pas répondre spontanément à cet automobiliste égaré, aussi aimable fut-il, c’est que sa question n’était pas claire ! S’il s’agit d’un endroit où il y a une supérette il ne peut s’agir que d’un bourg, voire d’une petite ville, en aucun cas d’un village ! Ici ce que nous appelons village c’est ce qui se dira en français commun « un hameau » à ne pas confondre avec le chef lieu de la commune qui, muni au moins de sa mairie, de son église et de son cimetière est appelé le bourg. Allons, peaufinez à bon compte votre immersion culturelle, évitez le hameau au profit du village et n’oubliez pas le bourg ! Même si bien des bourgs de chez nous ne sont guère plus gros que des villages… »

 


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