Fotò : Pierre Soissons
Jan dau Melhau est né en 1948 à Limoges. Écrivain de langue occitane à géométrie variable (roman, nouvelles, contes, poèmes, épigrammes, aphorismes, recueils de chansons, de prières ou de proverbes, almanachs, etc.) et éditeur (Lo chamin de sent Jaume), il est avant tout homme de spectacle : musicien, chanteur, conteur, diseur, et à ce titre, il propose les prestations les plus diverses, de la chanson traditionnelle à ses propres créations, du récit mythique à ses contes absurdes, de la poésie des troubadours à celle de Marcelle Delpastre dont il fut l’ami et qu’elle institua son héritier.
Jan dau Melhau a de nombreuses causeries dans sa besace…
Marcela Delpastre est née à Germont de Chamberet le 2 septembre 1925.
Études secondaires puis un an d’Arts décos, et retour à la ferme familiale qu’elle fait valoir jusqu’à la retraite.
Oeuvre poétique immense (ballades, psaumes, proses poétiques, poèmes dramatiques, etc.) tant en occitan qu’en français ou dans les deux langues mêlées.
Nouvelliste, d’un univers angoissant à l’érotisme cruel et ambigu.
Ethnographe exigeante (nombreux recueils de contes et proverbes, Bestiari lemosin, Lo Libre de l’erba e daus aubres, etc.) et ethnologue inspirée (Le Tombeau des ancêtres, Le Bourgeois et le paysan, etc.).
Mémorialiste méticuleuse de ce qu’elle percevait comme la fin de la civilisation paysanne (sept gros volumes de souvenirs, des Chemins creux à La Fin de la fable) et chroniqueuse incisive (des colonnes du Courrier du Centre dans les années 1950 à celles du Populaire du Centre dans les années 1980).
Marcelle Delpastre est décédée à Germont le 6 février 1998.
Jan dau Melhau évoquera la vie et l’œuvre de Marcelle Delpastre, émaillant sa causerie de nombreuses citations.
Une évocation de l’œuvre de Marcelle Delpastre par des lectures à deux voix est également proposée par Bernat Combi et Jan dau Melhau, donnant un bon aperçu d’ensemble.
La compagnie De tant de temps, autour de Melhau donne des lectures de poèmes dramatiques en français pour voix et chœur de Marcelle Delpastre à quatre, cinq ou sept voix. Deux poèmes font un spectacle.
Au programme possiblement : La Marche à l’étoile, l’Homme éclaté, Le Cri, La Parabole des loups.
Deux CD de ces poèmes sont disponibles.
Et si l’on parlait de la langue du pays, elle qui a nommé les lieux, les gens et toutes choses en ce pays. Si l’on parlait de son histoire, de toute cette parole qui depuis près mille ans s’est transmise de bouche à oreille (contes, chansons, proverbes, etc.), de sa littérature, des troubadours à Marcelle Delpastre…
Si l’on parlait de la langue du pays, le limousin, un des parlers d’oc, un des grands dialectes occitans ?…
Une causerie proposée par Jan dau Melhau, chanteur, musicien, écrivain, éditeur, qui œuvre depuis bientôt quarante ans à faire connaître et reconnaître cette langue.
En 1987, Jan dau Melhau, chanteur et écrivain limousin, décide de partir pour Saint-Jacques-de-Compostelle. À pied bien sûr, et de chez lui à chez lui. Avec sur le dos, outre son maigre bagage, sa vielle-à-roue qui le fera vivre au long du chemin. C’est cette aventure peu banale, digne des vieux siècles pèlerins, qu’il raconte dans cette évocation ponctuée de chants et de musique. Il parle des rencontres, les gens… les chiens, et l’on peut repartir avec son journal qu’il tint minutieusement et qui, au fil des éditions, est devenu un classique.
Jan dau Melhau propose une causerie en deux temps :
I – Des ostensions, de Martial, Éloi et quelques autres ou Comment une mythologie chasse l’autre.
II – De Roch, du chien et de la Madeleine et De l’art de nommer les saints.
On a dit du Limousin qu’il était le pays des saints. Des saints bien de chez nous, d’ailleurs pour la plupart proclamés saints de notre seule autorité.
Savoir ce qui se cache derrière le merveilleux de leur vie légendaire ? Et s’il y avait en eux un peu – beaucoup – de ces anciens dieux païens qui étaient là de si longtemps qu’ils refusèrent de céder la place et se glissèrent dans la peau des nouveaux venus, poussant quelque peu la corne sous l’auréole ?
Les vieilles croyances ont la vie dure et l’homme est plus agi par les mythes qu’il a créés que par l’Histoire qu’il a subie et qu’il n’accepte d’ailleurs que mythifiée.
Un regard assez inhabituel sur la question.
Deux séquences de deux heures à la suite, avec une pause suffisante entre les deux ou à quelque temps d’intervalle (une semaine, deux au plus), un temps de débat étant ménagé à la fin de chaque séquence.
Loups et bergères, meneurs de loups, chasseurs de loups, les derniers loups ?, le renard et le loup, l’âne et le loup…
Contes, chansons, prières et formulettes, décrets, articles de journaux… nous disent le loup dans sa vie et sa légende.
Le chansonnier, c’est ici le faiseur de chansons, parfois auteur des paroles et de la musique, le plus souvent des paroles seules qu’on chantera « sur l’air de… », un air connu, un air traditionnel ou à la mode.
Contrairement à la chanson traditionnelle, la chanson de chansonnier est signée, elle a un auteur connu ou qu’on peut retrouver, et d’ailleurs son style, son genre sont tout différents, on la reconnaît.
On en fera l’histoire, vivante et chantée bien évidemment, depuis le XVIIIème siècle, avec un clin d’oeil de référence aux grands ancêtres troubadours du XIIème siècle.
À la fin du XIème siècle, au nord du duché d’Aquitaine, de Poitiers à Ventadour, naît et se développe l’art du trobar : trouver le mot et le son (les paroles et la musique) de la chanson, chanson profane en langue d’oc, dans le même temps qu’à Saint-Martial de Limoges, une des plus importantes abbayes européennes de l’époque, le roman (autre nom pour dire la langue du pays) prend place dans les hymnes ou les mystères (théâtre liturgique) à côté du latin.
L’art des troubadours va peu à peu gagner l’ensemble des terres occitanes et jusqu’en Italie, en Espagne, au Portugal, en même temps qu’il embrasse toutes les formes de l’expression en une créativité sans égal.
Mais ce nom de troubadour, si galvaudé depuis qu’on l’a accommodé à toutes les sauces, que recouvre-t-il exactement ? Qui étaient les troubadours ? Où apprenaient-ils leur art ? Comment vivaient-ils ? Chantaient-ils eux-mêmes leurs chansons ? et de quoi étaient faites ces chansons ? Qu’est-ce que cette fin’ amor qui détermina en nos pays un véritable art de vivre ? Et pourquoi un tel phénomène en Limousin ?
C’est à toutes ces questions et à bien d’autres qu’on tentera de répondre.
… de contes limousins.
Il est là sur sa chaise, il vous accueille comme il le ferait chez lui, au Melhau, et de la voix, du geste l’accompagnant, il vous dit le mythe du début des temps ou la facétie d’avant-hier, la légende forgée au feu des foyers ordinaires, le moindre événement du village portant chronique fabuleuse. On peut y rire ou s’émouvoir, tout simplement, à la lettre des mots, et c’est très bien ainsi, on peut aussi, pour un autre plaisir, chercher la clef de l’image qui nous ouvrira la porte du sens véritable de tous ces mots, mais chut… j’en ai trop dit…
Le chant roman, ce sont bien sûr les troubadours qui au XIIème siècle furent légion en ce pays limousin. Ils étaient d’Uzerche, de Ventadour, de Hautefort ou d’Excideuil, nobles ou bourgeois, fils de peu ou fils de prince. Et leurs chansons disaient la vie, toute la vie.
Le chant roman, c’est aussi (ô combien) le chant liturgique, l’immense production des grandes abbayes, notamment Saint-Martial-de-Limoges.
Le chant roman, c’est encore la tradition populaire dans ce qu’elle a de plus pérenne, légendes et complaintes, chants de travail ou de mal-mariées.
Le spectacle fait dialoguer tout ça autour de quatre thèmes : l’amour, la guerre, la foi, les pèlerins.
Selon l’humeur, on y entend l’harmonium indien, la derbouka, la vielle-à-roue. On y entend surtout la voix.
“B’assetz de monde, en Lemosin, cresen que la chançon tradicionala de lor pais se boina au Turlututu e au Cuer de ma mia.
Los que, de l’annadas de temps, segueren mos estagis de chant saben que d’encontrari ‘quo es per centenats que las chau comptar, parlant de tot e de tots los biais, en qu’en ‘queste domeni lo Lemosin ditz pas passa a qual autre pais de la planeta que siaja.
‘Quo es d’aquo que voldria tesmonhar ‘quel espectacle, emb per sola musica la votz, coma ne’n siguet chas nos de tot temps, quitament per far dançar, a tralala coma disian. “
“Beaucoup de gens, en Limousin, croient que la chanson traditionnelle de leur pays se borne au Turlututu et au Cuer de ma mia.
Ceux qui, des années durant, ont suivi mes stages de chant savent qu’au contraire c’est par centaines qu’ils faut les compter, parlant de tout et de toutes les manières, et qu’en ce domaine le Limousin ne le cède en rien à quelque autre pays de la planète que ce soit.
C’est ce dont voudrait témoigner ce spectacle, avec pour seul instrument la voix, comme il fut chez nous de tout temps, y compris pour faire danser, à tralala comme on disait.” (JdM)
En sa jeunesse grand admirateur de Brassens, Melhau il y a quelques années, a traduit une soixantaine de ses chansons en occitan. Il nous en présente ici un bouquet d’une bonne vingtaine, accompagné par les guitares de Marianne Tixeuil et Fréréric Chabalier, deux musiciens avec qui il a également enregistré deux CD de ses propres chansons sous les titres de “Au naissent d’un trobaire” et “Gent qu’espleitas”.
Un CD du spectacle est disponible.
Los libres/CD agostats son marcats d’un’ esteleta (*).
> CD Lo diable es jos la pòrta – oratorio, Prod. Lo chamin de sent Jaume / IEO Lemosin, 2003.
> CD Mas si chantavas la vita, Prod. La Voix des Sirènes, 2008.
> CD Jan dau Melhau chanta Gaston Couté, Prod. Lo chamin de sent Jaume / IEO Lemosin, 2012.
> CD Melhau chanta Granier, Prod. La Voix des Sirènes, 2014.
> CD « Au naissent d’un trobaire » : las prumieras chançons 1972-1974, Prod. Lo chamin de sent Jaume, 2015.
> CD La velhada, Prod. Lo chamin de sent Jaume, 2016.
> CD En tut segre los jorns – reprise par le trio Antòni Marot, Florença Fontanille et Magalí Urroz de chansons pour enfants de Jan dau Melhau, Prod. Los d’a Roier, 2016.
> CD Gent qu’espleitas, Prod. Lo chamin de sent Jaume, 2017.
> CD La capforcha : Chants e musicas en Lemosin – compilation multi-artistes, Prod. La Voix des Sirènes, 2018.
> CD Melhau chanta Brassens, Prod. Lo chamin de sent Jaume, 2019.
Dau Jan dau Melhau :
> Los dos einocents – roman, Éd. Atots / Òc segur, 1978.
> Saumes per ’na sauma – poèmes, Éd. Los d’a Roier, 1979.
> Lo prumier libre dau Marçau – proses, Éd. Lo Leberaubre, 1985.
> Permenada au país de las cronicas – chansons populaires, Éd. Lo chamin de sent Jaume, 1986.
> Journal d’un pélerin, vielleux et mendiant, sur le chemin de Compostelle, 1ère éd. Lo chamin de sent Jaume, 1990 ; 6ème éd. Fédérop, 2015.
> Òbras completas (avec traduction française) – aphorismes, Éd. Lo chamin de sent Jaume, 1994.
> Ad un aitau franc desesper (avec traduction française) – quatrains, Éd. Lo chamin de sent Jaume, 1996.
> Contes du Limousin, Albums du Père Castor, Éd. Flammarion, 1997.
> Noël Nivard, les années expressionnistes, Éd. Musée de l’Évêché, 1998.
> Je me souviens, Limoges, te’n rapelas ? (illustré par Jan-Marc Simeonin), Éd. Lo chamin de sent Jaume, 1999.
> *Trois contes, Nouvelle bibliothèque elzévirienne, Éd. Plein Chant, 2000.
> Marcelle Delpastre, Revue Plein Chant n°71-72, 2000.
> De l’eime (avec traduction française) – aphorismes, Éd. Lo chamin de sent Jaume, 2001.
> Le monument Delpastre de Marc Petit à Aixe-sur-Vienne, Éd. Lo chamin de sent Jaume / Plein Chant, 2001.
> Au rier-lutz dau silenci (avec traduction française) – aphorismes, Éd. Lo chamin de sent Jaume, 2001.
> Lo mite dau chastenh – Le mythe du châtaignier (bilingue) – avec un CD, Éd. L’Ostal del Libre, 2001.
> Mon dictionnaire ou Mais qu’est-ce que je fous dans ce merdier ?, Éd. Chez l’auteur, 2002.
> Glòria de la mòrt (avec traduction française) – poème calligraphié (avec la complicité de Marc Petit, sculptures et dessins, et de Jan-Marc Simeonin, aquarelles et gravures), Type-Type, Éd. Plein Chant, 2002.
> Cronicas dau saubre-viure (avec traduction française) – chroniques radiophoniques, Éd. Lucien Souny, 2002.
> Mas vielhas (avec traduction française) – souvenirs, Nòstre monde, Éd. Lo chamin de sent Jaume, 2006.
> En francès dins la revirada – libre de legir, Éd. Lo chamin de sent Jaume, 2006.
> Zo d’Axa l’endehors, Revue Plein Chant n°81-82, 2006.
> Mas si chantavas la vita (avec traduction française) – chansons, Éd. Lo chamin de sent Jaume, 2006.
> D’un vilatge – souvenirs, Nòstre monde, Éd. Lo chamin de sent Jaume, 2008.
> Letra au darrier pacan dau Lemosin si non es desjà mòrt (avec traduction française), Éd. Chez l’auteur, 2008.
> De l’ombra e autres titols (avec traduction française) – poèmes, Éd. Lo chamin de sent Jaume, 2008.
> Faulas (avec traduction française) – fables illustrées par Jan-Marc Simeonin, Éd. Lo chamin de sent Jaume, 2009.
> En desbotjar las chançons d’en quauqu’un temps, Éd. Lo chamin de sent Jaume, 2011.
> Bibliographismes – Bibliocencenadis – légendes de Melhau sur des dessins de Jean-François Mathé, Éd. Lo chamin de sent Jaume, 2011.
> Ma lenga (avec traduction française), Éd. Chez l’auteur, 2012.
> Sents – légendes de Melhau sur des gravures de Jan-Marc Simeonin, Éd. Lo chamin de sent Jaume, 2012.
> La velhada – méditation, Éd. Chez l’auteur, 2014.
> Cinquanta chançons de Brassens reviradas per Melhau, Éd. Lo chamin de sent Jaume, 2014.
> Dau temps que passa – 48 sonnets sur « le temps qui passe » illustrés par quatre graveurs (Jean Estaque, Pavel Macek, Jan-Marc Simeonin et Marianne Tixeuil), Éd. Lo chamin de sent Jaume, 2015.
> Vint-e-una faulas de Jan de la Font reviradas per Melhau – une traduction de fables de La Fontaine illustrées par Jan-Marc Simeonin, Éd. Lo chamin de sent Jaume, 2016.
> Bestium ideiard – Bestiaire fantasque / Heraldica lemovicensis – Blasons limousins – deux livres en un, les animaux d’un côté, les bourgs et villes du pays de l’autre, tous croqués en un quatrain avec humour et ironie par Melhau et illustrés par Jan-Marc Simeonin, Éd. Lo chamin de sent Jaume, 2018.
Sus Jan dau Melhau :
> Jan dau Melhau, poète paysan-païen, titre du numéro 4 (octobre 2001) de la revue Auteurs en scène qui lui est entièrement consacrée (’chaptar).
→ Entreten de La Voix des Sirènes emb Jan dau Melhau a perpaus de Mas si chantavas la vita.
> Jan dau Melhau, parcours d’un occitan réfractaire – Entretiens avec Baptiste Chrétien, Éd. IEO Lemosin, 2018 (’chaptar).