Institut d'Estudis Occitans
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FAQ

« L’occitan… qu’es aquò ? »

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l’occitan est expliqué dans ce petit document synthétique tous publics réalisé par l’I.E.O. national.

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 « L’occitan, c’est où ? »

L’occitan est la langue historique de tout le sud de l’hexagone, d’une douzaine de vallées du Piémont italien, ainsi que du Val d’Aran en Catalogne espagnole.

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« Patois et occitan, c’est pas la même chose »

Qu’on l’appelle « patois », « langue d’oc », « limousin », « langue limousine » ou « langue régionale », la langue historique du Limousin et commune aux régions du sud de l’hexagone, est l’occitan.

Nombreux ont été et sont encore ceux qui qualifient l’occitan de « patois », en premier lieu ceux qui le parlent : c’est un terme dévalorisant, résultant d’une lente aliénation culturelle. Les autorités se sont employées à faire croire aux usagers d’une langue autre que le français que leur langue n’en était pas une, qu’elle n’était qu’une déformation locale de la langue française.
En 1762, le dictionnaire de l’Académie française définit ainsi le terme « patois » :

« Langage rustique, grossier, comme est celui d’un paysan, ou du bas peuple. »

Aujourd’hui, ce terme est condamné par presque tous les linguistes qui préfèrent parler de « langues », « dialectes » (variantes locales), « sous-dialectes » et, à très petite échelle, « parlers ».

« L’occitan, c’est du français déformé »

Comme le français, mais aussi l’italien, le catalan, le castillan, le portugais, etc., l’occitan vient du latin : c’est une langue romane.

Au Moyen Âge, les parlers romans se sont divisés en deux grandes familles :

  • au nord de la Loire, où l’influence des langues germaniques a été forte, « oui » se disait « oïl », c’est la zone d’oïl. Le français actuel a pour ancêtre un parler d’oïl, celui de l’Île-de-France, appelé le francien.
  • au sud de la Loire, où l’influence germanique est restée faible, « oui » se disait « oc », c’est donc la zone d’oc. L’occitan, c’est la langue d’oc.

« Nous, en Limousin, on parle pas le vrai occitan »

Il n’y a pas de « vrai occitan ». Comme toute langue, l’occitan n’est pas exactement le même d’un bout à l’autre du territoire. Il existe différentes façons de parler, variantes ou « dialectes » égaux entre eux qui sont : l’auvergnat, le vivaro-alpin, le provençal, le languedocien, le gascon… et le limousin.

L’occitan présente une grande richesse (vocabulaire, expressivité, capacité d’évolution), une grande variabilité (diversité dialectale et accentuations) mais l’inter-compréhension entre locuteurs de différentes régions est généralement possible avec une oreille attentive et l’habitude.

Toute langue varie selon où l’on se trouve, et cette diversité est une richesse. Ainsi en castillan :

  • en Espagne, le « c » et le « z » sont prononcés tel le « th » anglais : centro se prononce « thentro » ;
  • en Amérique latine, ils sont prononcés comme le « s » de « serpent » : centro se prononce donc « sentro ».

« L’occitan, c’est pas le même d’un village à l’autre »

On peut observer des variations y compris à l’intérieur d’un même dialecte. Néanmoins, les différences ne sont pas très importantes et restent principalement liées au vocabulaire et/ou à la prononciation.

« L’occitan, c’est une langue orale »

L’occitan possède une tradition écrite prestigieuse.

Les premiers textes littéraires apparaissent aux alentours de l’an 1000 : la Passion de Clermont (vers 950), le Poème sur Boèce (vers l’an 1000), les poésies religieuses de Saint-Martial de Limoges (début du XIe siècle), la Chanson de Sainte Foi (vers 1040).

À partir du XIIe siècle, on assiste au développement de la poésie des troubadours qui rayonne dans toute l’Europe et est à l’origine de la poésie lyrique européenne ; plus de 2500 poèmes ont été conservés (et quelques 250 mélodies).

Par la suite, la littérature occitane connaîtra plusieurs phases de décadence et de renaissance, mais elle a survécu à l’érosion de la langue et continue de fleurir.

Quelques grands noms de la littérature occitane contemporaine jouissant d’une renommée internationale : Max Rouquette (1908-2005), Robert Lafont (1923-2009), Bernard Manciet (1923-2005), Jean Boudou (1920-1975), Marcelle Delpastre (1925-1998)…

De nos jours, si l’occitan est bien une langue écrite, son problème vient de ce que la majorité de ses locuteurs sont analphabètes dans leur langue car ils n’ont pas eu droit à une école en occitan.

« L’occitan écrit, ça ressemble pas à ce qu’on parle »

Pour lire l’occitan, il faut oublier les règles de lecture du français. Comme toute langue, l’occitan possède ses propres règles. Voici les principales per far los prumiers pas dins la lectura de nòstra lenga :

  • a à la fin d’un mot se lit comme le [ò] ouvert de « robe » :
    la vacha [lò vachò]
  • -e- se lit [é] ou [è] (il n’est jamais muet) :
    la lebre [lò lébrè] (le lièvre)
  • -o- se lit [ou] :
    la loba [lò loubò] (la louve)
  • -ò- se lit [ò] :
    la pòrta [lò pòrtò]
  • Les diphtongues sont nombreuses :
    -ai- [aï] : aiga [aïgò] (eau)
    -au- [aw] : paraula [parawlò] (parole)
    -ei- [èï] : eisserbar [èïssèrba] (désherber)
    -oi- [ouèï] : boirar [bouèïra] (mélanger)
    -òu- [ow] : jòune [dzownè] (jeune)
    -iu- [yo] : diumenc [dyowmèn] (dimanche) …
  • Les consonnes finales ne se prononcent généralement pas :
    bac [ba] > bacada (auge > pâtée des cochons)
    topin [toupi] > topina (pot, marmite > s’affairer dans une maison à la cuisine, aux fourneaux)
    jorn [dzour] > jornada (jour > journée)
    filh [fi] > filha (fils > fille)
    venir [véni]
  • Seules exceptions, le -n final dans les formes conjuguées (3ème pers. du pluriel) et le -r dans quelques cas :
    per (pour) sur mar (mer)
  • Le -s (marque du pluriel ou lettre étymologique) ne se prononce généralement pas mais il allonge la voyelle qui le précède :
    las femnas [lâ fèmnâ]
    los òmes [lou òmèï]
    viste [vîtè] (vite)
    baston [bâtou] (bâton)
    escòla [èïcòlo] (école)
  • -lh- se lit [l mouillé] la filha [lò filyò] (la fille)
  • -nh- se lit [gn] banhar [bagna] (baigner)
  • -ch- se lit [ts], [tch], [s] o [ch]
    chabreta [tsabrètò] (cornemuse limousine)
  • -j- se lit [dz], [dj], [z] o [j]
    jau [dzaw] (coq)
  • L’apostrophe en début de mot indique la disparition de la première syllabe, le plus souvent une voyelle (aphérèse) :
    ’nar (anar) (aller)
    ’ribar (arribar) (arriver)
    ’quí (aquí) (ici)

« Apprendre l’occitan, ça sert à rien ! »

Mais si ! Notre langue locale peut avoir un rôle important dans la construction de la société de demain ! Prenons trois domaines :

Culture et identité

Toute langue est une part précieuse de la Culture de l’Humanité.
Connaître la langue propre à un territoire, c’est entamer une vraie relation avec celui-ci. Tout devient plus clair et prend du sens : les noms de lieux, les noms de familles, les habitudes, les traditions, les valeurs, les expressions régionales…
Les enfants ont besoin de racines et de repères dans le lieu où ils sont nés ou venus très jeunes. Enracinés dans un pays vivant, ils pourront aller à la rencontre des autres et nourrir les échanges avec des cultures différentes. D’autant plus que l’occitan est une véritable passerelle vers les autres langues romanes.

Pédagogie

Les linguistes ont, depuis longtemps, relevé les bienfaits d’un bilinguisme précoce. De 0 à 7 ans, le cerveau humain est capable d’assimiler deux, voire trois langues, possibilités qui diminuent peu à peu pour devenir très faibles à l’âge de 10 ans, d’où l’intérêt de pratiquer 2 langues dès la maternelle.
Le bilinguisme développe l’aire de Broca, zone du cerveau qui sera équipée pour aborder par la suite différentes langues avec plus de facilités.

Pourquoi l’occitan ?
Parce que c’est la langue de notre région, présente dans l’environnement (noms de lieux, de personnes, de plantes, expressions du langage courant) et dans beaucoup de familles, riche de connivences affectives entre générations.
Si vous ne connaissez pas l’occitan, votre enfant vous l’apprendra vite. Si vous venez d’ailleurs, il vous fera partager cette richesse des pays d’oc.
Il aura peu à peu accès à une culture millénaire (contes, chansons, jeux, littérature… dont l’intérêt éducatif est avéré), ainsi qu’à la pratique aisée des autres langues romanes voisines : le catalan, l’italien, le portugais, l’espagnol…

L’occitan face à l’anglais…
« Un enfant qui apprend l’occitan apprendra l’anglais plus facilement. Au contraire, l’anglais aujourd’hui fait obstacle aux autres langues. L’hominisation s’est faite sur les diversifications linguistiques et culturelles. Maîtriser l’anglais donne l’illusion de pouvoir parler avec le monde entier. Et les chiffres montrent que toutes les langues pâtissent de l’omniprésence de l’anglais. Elle fonctionne comme un rouleau compresseur qui nivelle les différences. Or l’anglais, sauf pour les familles mixtes, est absent de l’environnement de l’enfant de 0 à 7 ans. Il n’est pas vécu. » (G. Dalgalian, psycho-linguiste)

→ Calandreta lemosina : une école en occitan pour vos enfants à Limoges

Économie

Le Pays Basque et la Bretagne se servent de leur identité culturelle comme d’un atout pour leur développement touristique et économique : ça marche. Pourquoi pas nous ?

→ L’occitan : des études… des métiers…
→ Lo Servici de l’emplec : les offres d’emploi en occitan

« Les mots “occitan”, “Occitanie” sont des inventions récentes »

Le terme « Occitanie » est ancien. C’est une appellation médiévale attestée dès la fin du XIIIe siècle (1290) pour qualifier les régions de langue d’oc.

Le 29 mai 1308 au consistoire de Poitiers, il ressort que le roi de France règne sur deux nations : l’une de « lingua gallica » et l’autre de « lingua occitana ».

En 1381, le roi Charles VI considère que son royaume comprend deux parties : les pays de langue d’oc ou « Occitanie » et les pays de langue d’oïl ou « Ouytanie » :

« Quas in nostro Regno occupare solebar tam in linguae Occitanae quam Ouytanae. »

« Occitanie » reste en vigueur dans l’administration jusqu’à la Révolution française de 1789. Il est repris à partir du XIXe siècle par ceux qui œuvrent pour le développement de la langue occitane.

« Y a plus que les vieux qui parlent »

Environ 2 millions de personnes parlent occitan tous les jours, 6 millions le comprennent. Cependant, la langue souffre d’un manque de transmission familiale. Le public occitanophone a donc une sérieuse tendance au vieillissement.

On voit malgré tout une nouvelle génération prendre le relai, composée de jeunes :

  • qui ont bénéficié d’une transmission familiale ;
  • qui ont bénéficié d’un enseignement d’occitan (en Calandreta ou dans les filières bilingues du public).

La création artistique actuelle est là pour en témoigner.
Quelques groupes de musique :

→ Artús
→ Cocanha
→ Du Bartàs
→ Feràmia
→ Goulamas’k
→ Lo Còr de la Plana
→ Lou Seriol
→ Mauresca Fracas Dub
→ Sourdure

« Ah oui mais moi, l’occitan ça me concerne pas, je ne le parle pas »

C’est un fait, à l’heure actuelle en Occitanie, ceux qui parlent occitan sont une minorité par rapport à ceux qui parlent français. Malgré tout, en tant qu’habitant de l’espace occitan, vous avez sûrement croisé la langue :

  • vos parents/grand-parents la parlent entre eux mais ne vous l’ont pas transmise ;
  • vous avez surpris de vieux voisins en grande discussion, et ce n’était pas en français ! ;
  • il vous est arrivé de voir des panneaux de signalisation avec un nom différent de celui en français ;
  • à chaque fois que vous passez devant ce lieu-dit ou ce commerce, vous trouvez son nom bizarre ;
  • vous avez des amis dont les enfants font de l’occitan à l’école ;
  • dans votre commune, il y a déjà eu un spectacle en occitan, c’était annoncé dans le journal ;

Nombreux sont les exemples qui montrent que l’occitan fait aussi partie de votre quotidien, de l’identité du territoire sur lequel vous vivez. Cet héritage culturel nous appartient à tous, il suffit de s’y intéresser. La Librariá occitana est là pour vous guider.

« De toute façon, dans quelques années, l’occitan c’est fini »

L’avenir de l’occitan dépend grandement de nous, de vous.

Que vous parliez occitan ou non, il existe différents moyens d’agir :

  • s’informer ;
  • faire connaître, faire comprendre ce que sont l’occitan et ses enjeux autour de soi ;
  • alerter ses élus sur la nécessité d’une prise en compte institutionnelle ;
  • apprendre l’occitan ;
  • parler l’occitan dès qu’on en a l’occasion ;
  • transmettre l’occitan à ses enfants / petits-enfants ;
  • soutenir et participer à des actions en faveur de l’occitan ;
  • s’impliquer dans une association de promotion de l’occitan comme l’Institut d’Études Occitanes.

Les langues sont comme les plantes : uniques et irremplaçables. Alors à vous de jouer !
Faites vite, ça chauffe !