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Journées d’étude « Marcelle Delpastre : une femme-monde » (présentiel ou visio)

23 octobre - 25 octobre
Université Jean Jaurès, Tolosa – Toulouse (31) & GARAE, Carcassona – Carcassonne (11)

Toute sa vie, Marcelle Delpastre (1925-1998) l’a passée dans sa ferme de Germont, dans la commune de Chamberet, en Corrèze, à exploiter une petite propriété familiale, d’abord avec ses parents puis, après leur disparition, toute seule. Paysanne du Limousin, Marcelle Delpastre est aussi, en parallèle, l’auteure d’une œuvre foisonnante, écrite en français et en occitan limousin, où se côtoient la poésie de langue française ou occitane, des nouvelles, des poèmes dramatiques, ainsi qu’une vaste entreprise ethnographique comprenant des collectages de contes, leur analyse, des études sur les pratiques culturelles du Limousin et leur interprétation ethnologique, le tout complété par une autobiographie répartie en sept tomes de 500 pages chacun, rédigée alors qu’elle était talonnée par une maladie fatale, sans parler de chroniques dans des journaux et d’une correspondance volumineuse. Par les genres pratiqués, par les sujets abordés, par l’une de ses langues d’écriture, cette œuvre se veut profondément attachée à un lieu géographique unique, la ferme de Germont, en Limousin. Une liaison si étroite avec le local a rapidement et durablement conduit à ne voir en elle qu’une « pastourelle limousine », une écrivaine pour grands-mères nostalgiques, une « paysanne-au-cul-des-vaches » qui écrit, et dont les livres sont à ranger dans le rayon typiquement français du « régionalisme ». Toutes ces « assignations localistes » empêchent un large public de percevoir la dimension universelle d’une écriture qui dépasse le factuel et le terroir pour les inclure dans la vision globale d’un monde en mutation. L’œuvre de Delpastre conte – poétiquement et scientifiquement – la fin de la civilisation agro-pastorale multimillénaire en même temps qu’elle propose une méditation sur la condition de l’homme confronté à la perte du lien natif avec son environnement naturel et culturel. En donnant à lire, à partir de sa propre expérience et de sa mémoire personnelle et selon une approche à la fois marquée par la subjectivité poétique et la neutralité ethnographique, la « discrète apocalypse » d’une civilisation finissante, Marcelle Delpastre apparaît comme un de ces individus-mondes, tels que l’anthropologue Daniel Fabre les a définis, qui portent en eux une façon unique, léguée par les générations antérieures et portée par la langue, d’appréhender le réel, un univers menacé de disparition dont ils se perçoivent (ou sont perçus) comme les derniers représentants. De nos jours, les manuscrits de Marcelle Delpastre sont conservés à la bibliothèque de Limoges. Son œuvre est publiée par l’éditeur limousin Jan Dau Melhau (éditions Lo Chamin de Sent Jaume) qui fut un ami proche et est son légataire universel. Quelques études, depuis le début du XXIe siècle, ont été réalisées, mais, cinquante ans après la publication du recueil Saumes pagans (1974) qui révéla son génie poétique, il reste fort à faire pour mieux connaître l’œuvre de cette femme dont on fêtera en 2025 le centième anniversaire de sa naissance et qui fut confrontée toute sa vie durant à des mondes d’hommes (les poètes « occitans », les ethnographes…), à la fois écrivaine du local, de l’universel et du cosmique, l’un des plus grands souffles de la littérature qui, en notre temps si troublé, ne peut que trouver une résonance pleine d’actualité.

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→ Suivre le colloque en visio sur Zoom

Per ne’n saubre mai – Renseignements

Jean-François Courouau (PLH-ELH) – jean-francois.courouau@univ-tlse2.fr
Jean-Pierre Cavaillé (LISST, EHESS) – jean-pierre.cavaille@ehess.fr